Checklist : Êtes-vous prêt·e à lancer une stratégie de mécénat ?

• Association juridiquement et administrativement
  • Statuts et cadre fiscal clarifiés
  • Documents obligatoires à jour
  • Gouvernance alignée sur la démarche de mécénat
• Stratégie claire et cohérente avec les besoins
  • Objectifs de mécénat définis et mesurables
  • Ressources internes disponibles (humaines et techniques)
  • Cohérence stratégique : mécénat comme levier et non comme roue de secours
• Proposition de valeur attractive pour les mécènes
  • Proposition de partenariat claire, lisible et engageante
  • Politique de contreparties et de reconnaissance structurée
  • Preuves d’impact disponibles et valorisées
• Dynamique de prospection et de visibilité engagée
  • Réseau actuel mobilisé
  • Entreprises cibles identifiées
  • Communication adaptée au mécénat

Le mécénat est un formidable levier de financement et d’attractivité pour une association.
Mais il ne s’improvise pas.

Sans préparation, vous risquez de perdre du temps, de l’énergie… et parfois même de fragiliser vos relations avec les entreprises.

Avant toute sollicitation, il est donc essentiel de vérifier que vos statuts, votre projet et vos outils sont en ordre de marche.

C’est l’objectif de cette checklist :

• vous aider à faire le point,
• mettre en lumière vos points forts,
• et identifier vos axes de travail pour aborder le mécénat avec clarté et confiance.

À vous de cocher les cases ! 

1. Votre association est-elle juridiquement et administrativement prête ?

💡 Pourquoi c’est important ?

Avant toute sollicitation, votre association doit être formellement éligible au mécénat (statuts à objet d’intérêt général, rescrit fiscal, etc.) et administrativement irréprochable (statuts à jour, rapports récents, PV d’AG, SIRET, etc.). Sans cela, vos sollicitations peuvent être rejetées dès le premier échange, ce qui affaiblit votre crédibilité.

📌 Exemples concrets

• Bibliothèques Sans Frontières a d’abord refondu ses statuts pour cadrer son objet d’intérêt général, ce qui a renforcé sa légitimité auprès des mécènes.
• AFEV dispose d’un dossier mécénat numérique à jour chaque trimestre, rédigé par la direction administrative — gain de temps et meilleur accueil des demandes.
• Le CA ou la direction sont parfois peu mobilisés sur le mécénat : France Alzheimer, par exemple, a mis en œuvre une formation spécifique “partenariats entreprises” pour ses administrateurs, afin de mieux les mobiliser sur le sujet. 

1.1. Statuts et cadre fiscal : tout est-il au clair ?

Le point de départ est juridique. Vos statuts doivent refléter une activité d’intérêt général, avec un objet social précis et désintéressé. Si ce n’est pas le cas, le mécénat n’est tout simplement pas applicable. Un passage en revue des statuts avec un·e juriste peut s’avérer salutaire.

Ensuite, la question de l’éligibilité fiscale est centrale. Deux options s’offrent à vous :

• Le rescrit fiscal mécénat, à demander auprès de l’administration (formulaire Cerfa n°11580*03), qui constitue une sécurité juridique.
• L’auto-évaluation, plus rapide mais risquée si elle est mal conduite. Elle suppose une parfaite connaissance des critères posés par l’administration fiscale.

Exemple inspirant : Bibliothèques Sans Frontières a engagé une refonte de ses statuts avant de structurer un département mécénat. Cela leur a permis d’asseoir leur légitimité auprès de fondations et entreprises partenaires. 

1.2. Documents obligatoires à jour : êtes-vous au carré ?

Une entreprise mécène voudra rapidement accéder à vos documents clés. Si ceux-ci sont difficiles à obtenir, incomplets ou obsolètes, cela crée un doute immédiat sur la rigueur de votre structure.

Voici les incontournables à vérifier :

• Récépissé de déclaration en préfecture.
• Dernier rapport d’activité et rapport financier.
• Justificatif d’immatriculation INSEE (SIRET).
• RIB au nom de l’association.
• Dernier PV d’AG avec élection des dirigeants.

Pensez aussi à préparer une présentation claire de l’association (1 à 2 pages), incluant mission, chiffres-clés, gouvernance, bilan d’impact.

Exemple : L’AFEV dispose d’un “dossier mécénat” numérique prêt à l’envoi, mis à jour chaque trimestre par la direction administrative. Un gain de temps considérable pour leurs chargés de partenariats. 

1.3. Votre gouvernance est-elle alignée sur la démarche ?

Trop souvent, la direction ou le CA d’une association laisse le mécénat entre les mains d’un seul salarié… sans implication stratégique. Pourtant, le soutien du Conseil d’Administration est un gage de crédibilité.

Avant de lancer une stratégie, assurez-vous que :

• Le CA comprend bien les enjeux du mécénat et les opportunités à long terme.
• Un·e référent·e mécénat est désigné·e au sein du CA ou de la direction.
• La validation des conventions ou partenariats est anticipée (processus clair).

Cas concret : France Alzheimer a intégré un module de formation “partenariats entreprises” pour ses administrateurs, afin de les mobiliser comme relais stratégiques et opérationnels. 

2. Avez-vous défini une stratégie claire et alignée avec vos besoins ?

💡 Pourquoi c’est important ?

Une stratégie de mécénat efficace repose sur des objectifs mesurables, des ressources réalistes (humaines et techniques) et une cohérence avec votre vision. Sans cela, vous vous disperserez ou vous vous positionnerez comme une “option de secours” plutôt qu’un partenaire à valeur ajoutée.

📌 Exemples concrets

• Surfrider Foundation Europe a mis en place une stratégie ciblée sur des campagnes spécifiques (ex. : lutte contre les plastiques), avec des indicateurs clairs (nombre de mécènes, montant, impact), ce qui a favorisé l’engagement.
• La Cloche a mutualisé les compétences fundraising entre son siège et les antennes régionales, renforçant l’efficacité sans surcharge.
• Solidarité Sida a ancré sa stratégie autour de valeurs partagées avec ses partenaires (engagement, jeunesse, culture), renforçant la cohérence de ses campagnes mécénat. 

2.1. Objectifs de mécénat : sont-ils définis et mesurables ?

Une stratégie de mécénat efficace commence par la formulation d’objectifs clairs. Ces objectifs doivent être réalistes, alignés avec la mission de l’association et formulés de façon mesurable. Posez-vous ces questions :

• Que souhaitez-vous financer via le mécénat ? Un programme spécifique ? Le fonctionnement global ?
• Sur quelle période ? Avec quel budget cible ?
• Quel pourcentage de votre budget global le mécénat devrait-il représenter dans 3 ans ?

Sans objectifs définis, vous risquez d’adopter une stratégie opportuniste et éphémère.

Exemple : Surfrider Foundation Europe a lancé sa stratégie mécénat autour de campagnes spécifiques (ex. : lutte contre les plastiques en mer), avec des indicateurs de performance clairs (nombre de mécènes, montant levé, impact produit). 

2.2. Ressources internes : avez-vous les moyens humains et techniques ?

Lancer une stratégie de mécénat exige du temps, de la méthode et des compétences. Même si vous êtes une petite structure, mieux vaut prévoir une organisation réaliste plutôt qu’un modèle théorique irréalisable.

À évaluer :

• Existe-t-il un·e référent·e mécénat identifié·e ?
• Disposez-vous d’un minimum d’outils de suivi (fichier Excel, CRM, modèles de convention) ?
• Qui rédige les dossiers ? Qui assure le suivi des mécènes ? Qui mesure l’impact ?

Cas inspirant : La Cloche a mutualisé les compétences fundraising entre ses antennes régionales et son siège. Résultat : une efficacité renforcée sans surcharge de travail local. 

2.3. Cohérence stratégique : mécénat = effet de levier ou roue de secours ?

Le mécénat doit être pensé comme un levier de développement, pas comme un pansement budgétaire. S’il est intégré dans votre plan stratégique, il sera plus lisible pour les mécènes et plus durable pour vous.

Questions à se poser :

• Le mécénat est-il vu comme un outil de transformation, de visibilité, d’innovation ?
• Est-il mentionné dans votre plan d’action annuel ?
• Quels liens établissez-vous entre mécénat et vos autres sources de financement (subventions, dons, prestations) ?

Exemple : Solidarité Sida a structuré sa stratégie de mécénat autour de valeurs communes avec ses partenaires (engagement, jeunesse, culture), ce qui renforce la cohérence de ses campagnes. 

3. Votre proposition de valeur est-elle claire et attractive pour un mécène ?

💡 Pourquoi c’est important ?

Pour séduire un mécène, il ne suffit pas d’avoir une belle cause : il faut une proposition claire, avec valeur ajoutée identifiée. Le message doit être lisible (30 secondes), empathique (impact humain) et concret (résultats attendus). Une offre floue ne suscite ni enthousiasme ni engagement.

📌 Exemples concrets

• Mouvement Colibris et Terre & Humanisme sont leaders sur l’impact écologique, avec une narration forte (“transition écologie positive”) et des supports visuels et plaquettes clairs — ils déclenche l’adhésion des mécènes.
• Unis-Cité remet à chaque mécène un livret d’impact annuel personnalisé, avec témoignages, chiffres et photos — simple et puissant pour fidéliser.
• Lazare met en ligne témoignages vidéo d’anciens bénéficiaires qui racontent leur parcours : authenticité, émotion et transparence garantissent aussitôt une connexion avec les mécènes. 

3.1. Votre proposition de partenariat est-elle claire, lisible et engageante ?

Votre cause est noble, mais l’entreprise attend plus : elle veut comprendre ce qu’elle finance, pourquoi c’est important, et comment cela résonne avec ses propres engagements.

Posez-vous ces questions :

• Le projet à financer est-il clairement défini et chiffré ?
• Votre argumentaire inclut-il des éléments émotionnels (histoires humaines) et factuels (résultats attendus) ?
• Êtes-vous capable d’expliquer votre mission en 30 secondes à un décideur ?

Exemple : Mouvement Colibris et Terre & Humanisme ont bâti leur attractivité mécénat sur une narration forte autour de la transition écologique, avec des projets “prêts à soutenir” et des supports clairs (plaquettes, vidéos courtes).

3.2. Contreparties et reconnaissance : avez-vous une politique définie ?

Même si le mécénat ne repose pas sur la logique de retour sur investissement, les entreprises attendent un minimum de reconnaissance, de visibilité ou d’échange. Il est donc crucial d’avoir une politique claire à ce sujet.

Questions-clés :

• Quels formats de reconnaissance proposez-vous (réseaux sociaux, événements, rapports) ?
• Respectez-vous bien la règle du “contrepartie modique” (25 % maximum de la valeur du don) ?
• Avez-vous prévu un livrable ou un moment-clé pour valoriser le partenariat (ex. : remise de bilan, visite terrain) ?

Exemple : Unis-Cité remet à ses mécènes un livret d’impact annuel personnalisé, comprenant témoignages de volontaires, chiffres-clés et photos terrain. Un outil simple mais puissant pour fidéliser. 

3.3. Avez-vous des preuves d’impact à partager ?

Les mécènes veulent savoir ce que leur soutien permet concrètement. Sans indicateurs, vous prenez le risque d’être perçu comme flou ou non-professionnel. Même si vous débutez, des éléments simples peuvent suffire.

Ce que vous pouvez partager :

• Indicateurs quantitatifs (nombre de bénéficiaires, heures d’action, budget mobilisé).
• Témoignages de bénéficiaires ou partenaires.
• Visuels illustrant le changement produit (avant/après, vidéos).

Bonne pratique : Lazare, réseau de colocations solidaires, met en avant des témoignages vidéo courts de personnes ayant retrouvé une stabilité grâce à leur action. Émotion, authenticité, preuve d’impact : tout y est. 

4. Avez-vous déjà enclenché une dynamique de prospection ou de visibilité ?

💡 Pourquoi c’est important ?

Un bon argumentaire ne suffit pas : il faut être visible. La prospection proactive et le recours à votre réseau sont essentiels pour entrer dans le radar des entreprises. Sans cela, votre démarche restreinte restera inefficace.

📌 Exemples concrets

• Les Petits Frères des Pauvres ont mobilisé leurs bénévoles en interne via un kit “ambassadeurs mécénat”, permettant de toucher de nouveaux mécènes grâce au réseau existant.
• WWF France crée des campagnes de mécénat localisées (PME engagées localement), avec argumentaires adaptés et ciblage précis — un moyen agile et efficace de développer des partenariats.
• MakeSense valorise ses partenaires sur son site et via des posts LinkedIn attractifs, renforçant son image et sa crédibilité auprès des entreprises. 

4.1. Votre réseau actuel a-t-il été mobilisé ?

Le réflexe naturel est de chercher des entreprises inconnues. Pourtant, vos premiers mécènes potentiels sont souvent déjà dans votre écosystème. Ce sont les collaborateurs, les bénévoles, les administrateurs… ou leurs contacts professionnels.

Pistes à explorer :

• Avez-vous recensé les entreprises partenaires de vos membres ?
• Proposez-vous à vos bénévoles ou adhérents de devenir “ambassadeurs mécénat” ?
• Avez-vous identifié les alumni ou anciens bénéficiaires qui occupent des postes clés en entreprise ?

Exemple : Les Petits Frères des Pauvres ont lancé un programme interne de mobilisation du réseau de leurs bénévoles, avec un kit ambassadeur mécénat simple et efficace. 

4.2. Avez-vous identifié des entreprises cibles ?

La qualité de votre prospection repose sur une cartographie stratégique des entreprises pertinentes. Nul besoin d’un fichier de 500 contacts pour commencer : 20 entreprises bien ciblées, avec un lien potentiel, peuvent suffire.

Comment faire ?

• Commencez localement : entreprises proches géographiquement, implantées sur votre territoire.
• Recherchez des affinités : valeurs communes, secteurs d’activité complémentaires, politique RSE visible.
• Constituez une base simple : tableau Excel, Google Sheet, CRM.

Exemple : WWF France développe des campagnes de mécénat localisées pour ses projets de terrain, avec des argumentaires spécifiques pour les PME locales engagées dans la transition. 

4.3. Votre communication est-elle « mécéno-compatible » ?

Un site web mal à jour, des réseaux sociaux inactifs ou un manque de contenus professionnels peuvent décourager un mécène potentiel avant même le premier contact. Votre communication doit transmettre votre professionnalisme et votre ouverture au partenariat.

À vérifier :

• Votre site mentionne-t-il la possibilité de devenir mécène ? Un espace dédié existe-t-il ?
• Présentez-vous clairement vos projets et résultats ?
• Vos supports (plaquette PDF, slides, page LinkedIn) sont-ils à jour et orientés mécènes ?

Cas de référence : MakeSense met en avant ses partenaires sur son site et valorise chaque collaboration par des posts LinkedIn engageants. Résultat : une image dynamique et une attractivité renforcée. 

Conclusion : Faites le point, fixez vos priorités

Construire une stratégie de mécénat, ce n’est pas juste “chercher de l’argent”, c’est poser les fondations d’un partenariat durable et gagnant-gagnant avec les entreprises. En utilisant cette checklist, vous avez désormais une vision plus claire de vos forces, de vos marges de progrès, et des priorités à travailler pour professionnaliser votre démarche.

Pas besoin de tout cocher pour démarrer, mais chaque case non validée est un signal d’alerte à prendre au sérieux. Le mécénat est un levier puissant, mais exigeant : plus votre préparation sera rigoureuse, plus votre crédibilité auprès des mécènes sera forte.

Alors, où en êtes-vous ? Il est temps de passer à l’action.